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L’énergie, c’est quoi? Et en quoi change-t-elle nos vies?

Lors de nos conférences et nos audits énergétiques, nous remarquons souvent que beaucoup de gens ont de la difficulté à définir ce qu’est l’énergie. Mis à part la confusion qui règne entre puissance, énergie et les unités qui les décrivent (kW et kWh), il faut savoir que l’énergie est une valeur quantifiable qui qualifie le changement d’état d’un système. En d’autres mots, à moins d’habiter en ermite dans la forêt, pratiquement tout ce qui nous entoure a d’une façon ou d’une autre été créé à l’aide de l’énergie. Que l’on change une température, augmente une pression ou coule du métal, on a besoin d’énergie. Il faut de l’énergie pour confectionner vos vêtements ou encore pour vous déplacer le matin. Votre ordinateur a besoin d’énergie pour fonctionner. De plus, il a nécessité près de 250 litres de pétrole pour le fabriquer et près d’une tonne de CO2 été émis au cours de cette fabrication.

Puisque l’énergie est une valeur quantifiable, on peut la mesurer et incorporer les données obtenues dans des formules mathématiques ainsi que dans des équations de procédés physiques que l’on appelle la thermodynamique et la mécanique. De plus, compte tenu que l’énergie n’est pas gratuite ($/kWh), on peut élaborer des scénarios économiques quand on la consomme ou qu’on l’économise.

L’énergie a toujours été utilisée sous une forme ou une autre par l’homme. Dans les temps anciens, c’était le feu. Dans la nature, l’énergie se présente à l’état brut. Or, pour effectuer un travail et générer de la puissance, il faut un ‘convertisseur’. Par exemple, quand nous mangeons, nous puisons de l’énergie de la nature – c’est-à-dire de l’aliment – et nous le convertissons en chaleur et en travail. Il y a 200 ans, quand les collectivités employaient des moulins, elles transformaient l’énergie de l’eau ou du vent en travail. La même chose se produisait dans le cas des bateaux à voiles qui étaient mus sur l’eau par l’énergie du vent. Il faut toujours un convertisseur.

À cette époque, toute l’énergie utilisée était renouvelable. Les convertisseurs, souvent construits en bois, l’étaient aussi. Aujourd’hui, on parle beaucoup d’énergie renouvelable mais on oublie que l’humanité vient de sortir de cette forme d’énergie pour la remplacer par une source beaucoup plus pratique : le combustible fossile. C’est ce qui a permis à la société d’exploser démographiquement et de réduire la proportion de ses membres affectés à l’agriculture. Il y a deux-cents ans, près des deux tiers de l’humanité travaillait dans les champs. Ce sont les machines (c’est-à-dire des convertisseurs en métal non renouvelable) et le pétrole (non renouvelable) qui nous ont permis d’obtenir du travail sur demande. Il n’était plus nécessaire d’attendre que le vent souffle ou que le soleil brille pour faire fonctionner nos machines. On ouvrait une vanne ou on enfonçait un bouton et voilà, le tour était joué et c’est ainsi encore aujourd’hui.

Or, le problème avec les énergies renouvelables, sauf pour l’hydroélectricité, c’est qu’elles ne sont pas ‘pilotables’. Pour le devenir, il faut des systèmes incroyablement complexes et couteux sans compter une quantité extrêmement élevée de métaux et d’énergie non renouvelable pour les fabriquer. Je dis souvent à la blague que le nombre d’éoliennes ou des panneaux solaires requis pour assurer leur fabrication sans l’apport additionnel d’énergies non renouvelables sera tellement élevé que nous serons forcé d’admettre que l’utilisation à grande échèle de cette forme d’énergie ne tient tout simplement pas la route. D’ailleurs, au rythme actuel de la croissance mondiale, il est illusoire de croire qu’on arrivera un jour à remplacer l’énergie fossile par des énergies renouvelables. C’est la principale raison pour laquelle, en dépit de toutes les annonces et les grandes déclarations, les énergies renouvelables ne représentent même pas 2 % du total de l’énergie électrique consommée sur la planète présentement.

Nous sommes donc accros au combustible fossile, spécialement dans les transports, et il n’existe pratiquement rien pour le remplacer, considérant l’énorme consommation d’énergie utilisé sur un navire marchand. Pire encore, sa combustion produit des gaz qui sont en train d’altérer le doux climat de notre planète et c’est ce climat même qui nous a permis de progresser. Il importe de noter que, entre la plus récente période glaciaire et le climat dans lequel nous vivons aujourd’hui, c’est-à-dire au cours de nombreux millénaires, la température moyenne de la planète a grimpé de 5 °C et, pendant cette période, notre écosystème a fait l’objet de transformations massives mais graduelles (retrait des calottes glaciaires, végétalisation de vastes étendues de terre, hausse des niveaux de mer, etc.). Ces temps-ci, on prévoit une hausse additionnelle de 2 °C dans les prochaines décennies, ce qui peut sembler anodin mais qui en fait constituera un bouleversement radical et effréné de la nature dont les impacts sont inimaginables.

On a donc trois épées de Damoclès au-dessus de nos têtes : les réserves de combustibles fossiles ne sont pas infinies, on n’a pratiquement rien pour les remplacer et on est en train d’empoisonner notre écosystème en les utilisant.

La seule solution logique serait de se mettre au régime et de réduire substantiellement, voire arrêter complètement notre utilisation de combustibles fossiles. Mais, voilà qu’on fait face à un autre problème : la quantité d’énergie consommée (dont une bonne partie sont des énergies fossiles) est directement proportionnelle au PIB d’un pays. Réduire ou arrêter de consommer le pétrole, c’est abaisser notre PIB. Et cela équivaut à une récession. Pas de pétrole veut dire pas de transport ce qui par ricochet signifie fin de la mondialisation.

Pour minimiser l’impact des GES, il faudrait instaurer un programme sévère de planification des naissances, fermer les centrales aux charbons qui produisent actuellement plus de 40 % de l’électricité mondiale, et revoir les indicateurs économiques qui sont principalement liés à la croissance et qui ne sont pas viables à long terme. Aucun politicien digne de ce nom ne présentera cette solution dans son programme électoral. En fait, un tel changement serait tellement profond qu’aucune société démocratique ne l’accepterait. Il est beaucoup plus commode de se donner bonne conscience en participant à des Conférences des Parties (COP) qui, soit dit en passant, n’ont jusqu’à maintenant aucunement contribué à la réduction de GES à l’échelle mondiale (au contraire, les GES ont augmenté), ou en définissant des objectifs qui ne sont jamais atteints.

La situation est trop grave et nécessite des changements tellement importants que l’on préfère les ignorer et se mettre la tête dans le sable. Tant que ça durera, on planera dans les nuages que sont les Amazon et les Walmart de ce monde.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier que l’énergie, et donc le pétrole, a également permis l’émergence de la démocratie que nous connaissons aujourd’hui. Cette démocratie fonctionne bien quand les gens ont suffisamment de nourriture, un bon emploi et peuvent, grâce à un clic de souris, acheter et faire livrer à leur porte des produits provenant de l’autre bout du monde. Hélas, ce mode de vie est lié à l’énergie et aux machines qui bouffent des énergies fossiles. Notre approvisionnement alimentaire dépend aujourd’hui du pétrole qui joue un rôle incontournable dans les engrais, les tracteurs, les ensileuses, le transport, la chaine du froid et la transformation de la nourriture.

L’être humain a une carapace plutôt mince quand on touche à son niveau de vie. Or, quand il n’y en aura plus, il n’en aura plus. Il devra prendre des décisions draconiennes qui seront probablement incompatibles avec notre société démocratique. L’histoire nous montre que la dictature s’insinue mieux quand l’ensemble de la population se révolte. Les changements climatiques et l’épuisement de nos ressources mettent la démocratie en péril.

Je réfère souvent à l’époque d’il y a deux-cents ans (avant la révolution industrielle) parce que cette période n’est pas si lointaine et est encore présente dans notre imaginaire. À mon avis, le contraste entre le niveau de vie que nous connaitrons dans deux-cents ans et celui que nous vivons aujourd’hui sera tout aussi important.

Que ce soit par choix ou par obligation, nous devons nous préparer ou bien subir les changements profonds qui nous guettent. Le problème, c’est que le cerveau humain n’est pas câblé pour ça. Nous agissons en fonction des évènements à court terme, habituellement à l’intérieur d’un cycle électoral. Nous aimons nous décrire comme une espèce qui sait s’adapter. Le vrai défi d’adaptation s’en vient à grand pas. Dans deux-cents ans, on verra à quel point l’homme aura vraiment réussi à s’adapter.

Économiser l’énergie n’est pas une priorité dans la majorité des entreprises. La raison principale a été décrite dans mon article précédent Le pétrole ne coute rien. Dans les faits, le pétrole ne coute absolument rien. Ce que l’on paie, ce sont les gens qui exploitent le pétrole. Toutes les ressources que la terre peut nous offrir sont gratuites mais pas illimitées. Et quand ça ne coute rien, ça ne vaut rien dans l’esprit de bien des gens. Si le budget d’une entreprise affecté à l’énergie équivaut à 5 % de ses dépenses, cette énergie ne représente que 5 % de ses préoccupations. Il s’agit là d’un drôle de raisonnement. Si l’on transpose cette logique au corps humain, on notera que notre cerveau ne représente que 2 % de notre poids total. Pourtant, sans cerveau, on n’est rien.

Sans énergie, notre société n’est plus grand-chose non plus et il y a fort à parier que votre entreprise ne le sera pas non plus.

Donner de l’importance aux économies d’énergies, c’est montrer que l’on reconnait pleinement la situation à laquelle l’humanité est aujourd’hui confrontée. C’est également démontrer son sens des responsabilités.

Cet article est inspiré en partie des travaux de recherche de Jean-Marc Jancovici et de Carbone 4.

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